Podcast

Forum-Talks est la nouvelle série de podcasts du Photoforum Pasquart, hébergée par Ursina Leutenegger. Elle présente des artistes et des théoriciens dans le domaine de la photographie qui ont inspiré le programme du Photoforum. Les différents épisodes donnent un aperçu de leurs recherches, de leur travail et de leurs visions photographiques et discutent du rôle des images photographiques dans la culture visuelle actuelle ainsi que de leur potentiel critique dans les questions sociales.

Pour le quatrième épisode, Ursina Leutenegger s’entretient avec Emmanuel Van der Auwera, un artiste belge dont le travail remet en question la nature évidente des images documentaires trouvées. Ses photographies, films et installations vidéo utilisent du matériel visuel polarisant circulant dans des espaces numériques, abordant la responsabilité éthique dans le traitement des images de violence et de traumatisme collectif. Au regard des récentes fusillades dans les écoles aux États-Unis, les œuvres exposées sont d’une actualité effrayante. Elles peuvent être lues comme un plaidoyer pour une approche critique des représentations médiatisées de la violence. Dans le même temps, elles offrent un aperçu fascinant du kaléidoscope impitoyable du flux d’images numériques en remettant en question notre culture visuelle : comment les images des médias de masse contemporains agissent-elles sur les différents publics et dans quel but ? Où se situe la limite du voyeurisme ? À quelles images faisons-nous confiance et pourquoi deviennent-elles virales ?

Emmanuel Van der Auwera (*1982, BE) vit et travaille à Bruxelles, en Belgique. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions, telles que le Centre Pompidou (Paris), le Palais de Tokyo (Paris), la Pinakothek der Moderne (Munich, Allemagne) ou Ars Electronica (Linz, Autriche). Ses récentes expositions personnelles comprennent des présentations à la HEK (Bâle, Suisse) en 2022 et au Botanique (Bruxelles, Belgique) en 2019.

Couverture : Détail de la photographie d’une balle ressemblant à une fleur, faisant partie de la série Full Alice présentée au Photoforum Pasquart.

Lien pour écouter le podcast

© Andrea Diefenbach, Land ohne Eltern (Country without parents), sportclass

© Hertta Kiiski, I was an apple and I got peeled – but it was a good thing (Stones)

© Dominic Nahr, South Sudan, Bentiu, 2015

© Susanne Kriemann, Lokalisierung radioaktiven Jods auf ungefärbtem Stoff, RG 434-LB

FLARE

FLARE est un magazine print (2016-2017) et une plateforme digitale (sur tumblr, 2016-2019, puis Medium, dès 2020) qui élargit et complète les espaces d’exposition du Photoforum Pasquart. FLARE développe des liens entre le digital, l’imprimé et l’exposition en collaborant avec des photographes, des professionnels de différentes disciplines.

Depuis 2020, une sélection des textes écrits à l’occasion de nos expositions et de nos recherches, est disponible sur Medium.

Dans le premier exemplaire du magazine imprimé, quatre professionnels de l’image et cinq auteurs apportent leur point de vue sur la thématique du tracé des frontières et nous invitent à sonder des espaces interstitiels.

Pour le deuxième numéro, nous avons proposé à quatre photographes, une auteure et deux spécialistes de réaliser des essais, des dissertations et des poèmes pour notre numéro thématique, qui se focalise sur la famille et la communauté, sous formes de phénomènes de société et de phénomènes artistiques.

Statement

Les photographies dont nous sommes nombreux à aimer nous rappeler, comme le portrait ou le documentaire, existent aujourd’hui sous des formes beaucoup plus diverses. Un nombre toujours croissant d’images sont produites, partagées et consommées, par chacun et partout. Avec la digitalisation, une part de la matérialité de la photographie s’est désintégrée. Par ailleurs, l’utilisation du médium photographique n’est plus considéré comme une pure affirmation de la vérité.

La photographie s’inscrit entre authenticité, indexicalité et la visualisation subjective de réalités multiples. Elle évolue à un rythme effréné et joue avec les limites de différents champs: les technologies de l’information, le traitement de données et la connectivité des réseaux ont rendu possible la création, la diffusion et la combinaison presque instantanées des images. Depuis que le digital a bouleversé les paramètres de la photographie, ses changements et développements deviennent de moins en moins prévisibles.

La photographie classique implique deux personnes: celle qui photographie et celle qui contemple l’image. À l’ère de la photographie digitale, ces conditions ne peuvent plus être définies en termes si nets. Pour nous, en tant que récipiendaires d’une photographie, ces variables ne sont plus facilement mesurables, visibles et tangibles. Des technologies d’enregistrement et de reconnaissance de données, combinées à des technologies empruntées aux domaines de la réalité virtuelle ou à l’intelligence artificielle, engendrent des réseaux de possibilités à peine concevables pour nous. D’après Taylor Davidson, l’appareil photographique du futur n’est plus seulement un objet, mais une application ou un software qui collecte des données provenant de différents senseurs. Ces réseaux génèrent, diffusent et récupèrent constamment une énorme somme de données, qui ne sont plus directement produites par la personne qui photographie. L’image photographique n’est dès lors plus l’action unique d’un individu mais peut être considérée comme le produit d’un système complexe et interconnecté.

Les économies de l’attention seront définies par les images et les pratiques photographiques et post-photographiques, et les débats critiques et théorique s’orienteront de plus en plus vers des champs apparentés au visuel. Avec FLARE, nous souhaitons tenter de suivre avec attention et de poser un regard critique mais bienveillant sur les changements du médium photographique, et trouver un canal adapté à la transmission de ces changements.

Nadine Wietlisbach, 2016